La
proposition n°2 s’intitule « adapter les programmes scolaires de
manière à mettre en lumière à travers l’histoire les personnalités et les
éléments fondateurs du récit économique de la France »
En tant
que Républicain (au sens français, pas américain du terme), je ne pourrais
qu’adhérer à cette proposition. L’école républicaine a été fondée pour
instruire les jeunes français aux fins d’en faire de bons citoyens capables de
s’émanciper de l’emprise des cléricalismes, de celui de l’Eglise catholique au
départ, mais aussi de tous les cléricalismes tentant d’imposer leurs dogmes,
celui de l’Argent étant le dernier en date.
Les
réformes scolaires entreprises depuis les années 1970 n’ont eu de cesse de
faire des enfants de bons consommateurs et pour cela de les empêcher de
réfléchir, car sinon, comment pourrait-on se précipiter sur le dernier I-phone
ou sur le prochain CD de la
Télé Académie !
La dernière
réforme en date, décidée par Xavier Darcos en 2008, en constitue un bel
exemple. J’ai extrait les réactions suivantes d’une interview de Dimitri
Casali, historien et
auteur d’une trentaine d’ouvrages dont «L'alter manuel d'histoire de France -Ce
que nos enfants n'apprennent plus au collège» (Ed. Perrin),
« Beaucoup de grands
personnages ont été mis à l’écart.(…) Parce qu’en France, il est de bon ton de
raboter ce qui est trop grand, d’être politiquement correct. Louis XIV était
trop puissant, Versailles était trop riche. (…) Les jeunes n’ont plus de
racines. On a désincarné leur histoire (…) Napoléon n’a jamais fait la guerre,
la guerre ça tue, c’est mal. »
Nous voici
donc revenus 150 ans en arrière avec cette proposition qui nous ramène à Jules
Ferry et aux bienfaits de l’école laïque obligatoire vantant les Bernard
Pallissy, les Cugnot et autres inventeurs ou capitaines d’industrie dont les
programmes d’époque faisaient l’apologie. Car contrairement à ce que pensent
les auteurs du rapport, il n’y avait pas dans ce grand récit républicain que
des philosophes et des soldats, la France coloniale de l’époque avait aussi
besoin d’un récit économique.
Nous voici
donc revenus d’autant plus à la Troisième République que la proposition n°3 s’intitule
« tenir annuellement un 14 juillet économique sous forme d’une conférence
nationale de la Marque France
en présence du chef de l’Etat »
Il faut se
rappeler que la fête nationale française a été instituée le 14 Juillet par la
loi en 1880, en référence à une
double date, celle du 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, jour
symbolique entraînant la fin de l'absolutisme, de la société d'ordres et des
privilèges, et celle du 14 juillet 1790, jour d'union nationale lors de la Fête
de la Fédération. Il
s’agissait à l’époque de célébrer le génie français qui apportait sa lumière sur
le monde entier du Tonkin au Congo.
Ce retour
en arrière est bien dans l’esprit du temps et correspond tout à fait à la
volonté du ministre de l’Education Nationale de revoir les programmes scolaires
pour y mettre par exemple l’enseignement de la morale.
Mais
est-ce bien réaliste de vouloir exalter le sentiment national ? Est-ce bien
réaliste au moment où l’Europe peine à se construire et va avoir besoin de
toutes ses forces vives de reconstruire un récit centré sur la France ?
Que le
marketing territorial s’empare du dossier de la différenciation c’est, si j’ose
dire, de bonne guerre. Mais de là à ce que les programmes d’enseignement de la
République entrent dans ce jeu voilà qui est un autre enjeu, une autre
dimension.
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