Christian Estrosi, maire de Nice et
président de la seule métropole française issue de la loi du 16
décembre 2010 portant réforme des collectivités territoriales, a
présenté ses vœux au monde économique niçois le 23 janvier
dernier, à l'Hôtel Radisson.
A cette occasion, inspiré certainement
par Wladimir Poutine, il a fait une annonce portant sur la création
d’un passeport « destinés à toutes celles et tous ceux qui en
France ou à l’étranger veulent investir et cherchent un
territoire qui a envie de les accueillir ».
Face à la politique fiscale du
Gouvernement qu’il qualifie de désastreuse et qui pousserait à
l’exil les investisseurs et les contribuables de notre pays, le
Président de l’Estropole, à travers les mesures annoncées,
cherche à démontrer qu’une politique ambitieuse au plan local
peut permettre d’attirer des investisseurs français et étrangers
sur son territoire et donc créer de l’emploi.
Ce «passeport Nice Côte d'Azur» est
destiné à celles et ceux qui, en France ou à l'étranger, veulent
investir et cherchent un territoire qui a envie de les accueillir et
qui ne les attend pas au coin du bois avec une massue fiscale,
développe Mr Estrosi, comme si les règles fiscales ne dépendaient
pas de l’Etat.
Délivré au cas par cas aux
entreprises qui s'installeront sur le territoire de la métropole
pour y créer «un nombre significatif d'emplois», ce précieux
sésame « ouvrira le droit à l'octroi maximal de 200 000 €
d'aide, répartis sur trois exercices fiscaux», ce qui correspond au
maximum des aides publiques aux entreprises avant de déclencher les
foudres de Bruxelles.
Des enveloppes non plafonnées en
nombre, selon la métropole, mais soumises à l'accord de la Région,
qui coordonne les aides aux entreprises.
Cette mesure présentée comme
novatrice est en réalité la résurgence de vieilles lunes des
débuts de la décentralisation.
Un rapport de la Cour des comptes,
rendu public le 28 novembre 2007, avait déjà dressé un bilan de
l’inefficacité des aides des collectivités territoriales aux
entreprises depuis le début de la décentralisation en 1982. Les
effets de ces aides sont "très décevants" ce qui impose
"de revoir fondamentalement le système d’aide à l’économie
des collectivités territoriales comme celui de l’Etat lui-même,
si ce n’est d’y mettre fin dans sa forme actuelle".
Ces aides, directement versées aux
entreprises seraient si peu efficaces qu’elles seraient incapables
de freiner les délocalisations.
La Cour des comptes recommandait déjà
en 2007 de diminuer les aides directes et de viser davantage
l’amélioration de l’environnement des entreprises et la mise en
place d’infrastructures permettant une meilleure compétitivité.
Elle préconisait également une spécialisation des collectivités
évitant les chevauchements de compétences et faisant de la région
le seul chef de file du développement économique territorial. Mais
la création des nouvelles métropoles pourrait changer légèrement
la règle du jeu.
L’attractivité d’un territoire ne
se travaille pas à coups de subventions aux entreprises, mais par la
qualité des infrastructures et les potentialités que les agents
économiques peuvent y développer.
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