mercredi 7 avril 2010

Nantes lance sa force de frappe : bombe H ou simple pétard ?

Jean Marc Ayrault, le député maire de Nantes, a annoncé en fin de semaine dernière le regroupement des structures touristiques de l’agglomération nantaise sous une seule bannière.

L’office du tourisme de Nantes Métropole, la SEM Nantes Culture et Patrimoine qui gère à la fois le Château des Ducs de Bretagne et les Machines de l’Ile (dont leur fameux éléphant, qui s’inscrit de plus en plus dans l’image de la ville) ainsi que Estuaire, la biennale d’art contemporain (qui débouchera à l’issue de la 3° édition en 2011 sur un des plus grands parcours d’art moderne d’Europe, entre Nantes et Saint Nazaire) sont regroupés sous une seule structure.

A terme, cette structure doit également intégrer le musée des Beaux Arts de la Ville et le Mémorial à l’Abolition de l’Esclavage (qui seront livrés en 2012).
Quels sont les progrès attendus de ce regroupement à l’horizon 2011, selon l’argumentaire de Jean Marc Ayrault ?
- Plus de lisibilité grâce à une stratégie de promotion forte et cohérente auprès du grand public, déclinée à partir de la stratégie de marque du territoire en cours d’élaboration :
o Pour toutes les communes de la Métropole nantaise en tant que destination touristique d’agrément internationale, nationale et locale
o Et pour chacun de ses équipements/sites phares (actuels et futurs), dans le respect de la vocation première de chacun qui constitue leur force et leur identité, qu’elle soit patrimoniale, culturelle, artistique, ou de loisirs.
o Au bénéfice de toute la filière économique (hôteliers, restaurateurs, gestionnaires privés d’équipements touristiques et de loisirs…).
- Plus d’efficacité grâce à une stratégie marketing forte qui s’appuie sur les complémentarités pour concevoir, assembler et commercialiser l’offre touristique du territoire. Et donc plus d’impact dans nos actions de promotion à l’international.
- Plus de simplicité d’accès pour tous les publics et une meilleure gestion des fonctions de réservation grâce à une centrale de réservation unique, quel que soit le type de besoin (résidents et touristes particuliers, touristes d’affaires).
- Plus de sens et de force avec un seul acteur identifié et légitimé : pour piloter les équipements phares du territoire, valoriser, promouvoir la destination à l’échelle nationale et internationale ; pour animer, coordonner et « entraîner » tous les professionnels du secteur.
- Une meilleure capacité d’évaluation et d’observation grâce au recentrage des acteurs et des moyens publics alloués.

Cette stratégie vise clairement le marché touristique grand public.
Comment va-t-elle s’articuler avec la conquête des autres marchés (tourisme d’affaires, attractivité des investissements et des talents, …) ?
Comment s’intègre l’Office de Tourisme de Saint Nazaire, ville avec laquelle Nantes travaille sur une marque commune ?
Ne parlons pas de celui de La Baule, une des rares destinations de l’Ouest connue au niveau européen, alors qu’une démarche de travail commun avait été initiée au niveau du tourisme d’affaires par un organisme de promotion commune des centres de congrès.

Cette stratégie ne rentre pas totalement dans le modèle plus intégré de marque de territoire au sens développé dans ce blog puisque les 4 axes Invest, Study, Visit et Live ne s’y retrouvent pas. Le nouvel organisme agira sur une partie de Visit et une partie de Live avec un impact espéré sur les 2 autres Invest et Study.
Cependant on peut penser que cette stratégie, si elle est bien menée, contribuera à créer une communauté grand public autour de l’image de la ville.
Cela a été le pari réussi dans les années 90 avec les Allumés. Le fait que la gestion de cette nouvelle structure soit confiée à Jean Blaise, l’agitateur culturel créateur de ces Allumés et de la biennale Estuaire milite plutôt dans ce sens.
Il s’agit de redonner un nouveau souffle à un bouillonnement culturel dont Nantes s’est fait une spécialité. Lors de sa conférence de presse, Jean Marc Ayrault précise qu’ « il faut penser à l’évolution de la politique culturelle de Nantes, préparer la montée en puissance de nouveaux lieux (Grand musée d’Art de Nantes, La Fabrique -nouvelle salle dédiée aux musiques actuelles,ndlr-) ; attirer de nouveau talents, se lancer dans de nouvelles aventures, à nulles autres pareilles. Ces nouveaux talents nous entendons les soutenir, pour qu’ils inventent de nouvelles pratiques artistiques culturelles, dans le droit fil de notre histoire, de notre identité, de l’ambition nantaise qu’il faut consolider. »
A la lecture de cette information, j'ai revu les belles images de mon enfance qui décoraient les wagons de la SNCF, vantant les mérites des plages bretonnes.... et pas les communautés de marque que développent les villes européennes de ce début du XXIème siécle.
Alors, mauvaise pioche ou coup de génie ? Le "jeu à la nantaise" qui se caractérisait par un travail collectif pour se démarquer afin trouver le chemin des filets est mort avec les nouvelles contraintes du foot moderne. Le Fooball Club de Nantes est passé des coupes européennes à la 2° division ...  Nantes saura-t-elle recréer une communauté attractive pour atteindre son but de devenir une vraie ville européenne ?

4 commentaires:

  1. Merci pour cet article et hâte de lire la suite du pétard mouillé! CatwomAnne

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  2. La mission que doit mener à bien Jean Blaise s’inscrit dans une démarche que Frédéric Martel, journaliste et chercheur, qualifie de la culture « mainstream», toute proportion gardée.

    Si l’on examine pourquoi les grands événements nantais (Les Folles Journées, Royal de Luxe, les Machines, les Floralies, Estuaire) connaissent un tel succès sur le territoire où ils sont nés et s’exportent à l’international, on constate qu’ils relèvent de valeurs partagées ou qu’ils s’inscrivent dans les grands courants culturels.

    La programmation de René Martin reste sur des compositeurs classiques, La Folle Journée ne programme que du « mainstream » musical. Les interprètes constituent plus que la programmation l’assurance de découvertes novatrices.

    Royal de Luxe organise des cavalcades dans la ville sur des thématiques universelles de contes pour enfants.

    Les Machines puisent dans l’univers vernien leur inspiration et se réfèrent à une esthétique industrielle XIXe siècle. Jules Verne est le plus populaire des écrivains français à l’international.

    Les Floralies participent d’une thématique universelle autour de la nature et des plantes.

    Estuaire parcours touristico-culturel permet de découvrir des œuvres d’artistes contemporains. La manifestation initiée par Jean Blaise doit acquérir ses lettres de noblesse pour être reconnue. Le Monde publie le 10 avril un article sur l’exposition de Tadashi Kawamata, avec des références à ses travaux dans les grandes villes sans citer Estuaire.

    Le « mainstream » culturel s’éploie sur Nantes pour rayonner à l’international, car hormis le savoir-faire des opérateurs locaux en termes de manifestation d’envergure. Les thématiques très rassurantes et culturellement peu risquées offrent des spectacles pour tous, partout.

    Réservons un statut particulier à Estuaire dont la sélection d’artistes internationaux permet de découvrir des créations in situ et à un large public de se confronter à l’art contemporain dans un contexte environnemental singulier, l’estuaire.

    Jean Blaise au crédit duquel il convient aussi d’ajouter qu’il est « l’inventeur » des Nuits Blanches parisiennes, aujourd’hui adaptées par de nombreuses capitales, a le profil particulier d’un « maître es soft power » qui sait ajouter aux qualités du jeu à la nantaise des valeurs culturelles aux bénéfices d’une politique de la vi(ll)e.

    Après avoir vu naître les grands paquebots, Nantes cultive sa pépinière culturelle, un atout maître dans un monde de loisirs mondialisés.

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  3. Et si ce regroupement était tout simplement le produit du tempérament centralisateur (dictatorial, disent certains) du maire de Nantes ? Ou peut-être une tentative de relance de projets essoufflés et très en retard sur leur calendrier ? Jean Blaise n'a pas vraiment fait ses preuves de manager (malgré des décomptes officiels de fréquentation très optimistes, il est clair qu'Estuaire 2009 n'a pas été un succès -- sauf pour les loups du château des Ducs de Bretagne, une "oeuvre" plus zoologique qu'artistique -- mais il reste un communiquant doué.

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  4. Cette manifestation ne fait elle pas partie aussi du fait de faire passer un message fort est important. Le message d'une ville dynamique et créatrice?
    Je tiens aussi un blog sur le city branding et j'ai aussi écris un article sur Nantes aussi ou j'y explique une autre démarche de la ville et notament la création du site promotionnele de la ville.

    Venez nous rendre visite!!!
    http://citybranding.blog-idrac.com/

    Guillaume

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