Osons l’ambition d’œuvrer à la mise en œuvre d’une recherche do "Osons l’ambition d’œuvrer à la mise en œuvre d’une recherche documentée sur les éléments du bien être individuel aujourd’hui, et celui en conséquence des mœurs du vivre ensemble et sur ce qui permet aux individus de rencontrer le bonheur ? "
Comment la ville peut-elle répondre à cette aspiration de l'individu ? Et comment, nous poserons nous la question ensuite, peut-elle se mettre en scène pour attirer et donner envie d'y vivre ?
Osons l’ambition d’œuvrer à la mise en œuvre d’une recherche do Depuis la naissance de la notion moderne d’urbanisme, à la fin du XIXème siècle, la recherche théorique du bonheur de tous les habitants s’est conjuguée avec la course au profit de quelques uns.
Au XIX° siècle, l’expansion de la société industrielle et la poussée de l’exode rural qui l’accompagne crée une nouvelle vision de la ville.
La cité médiévale va définitivement disparaitre, chassée par l’arrivée de nouveaux moyens de production et de nouvelles fonctions. La réalité des grandes villes (Londres passe de 860.000 habitants en 1800 à 1.900.000 en 1841 et à 4.200.000 en 1891 !) est telle que de nombreux auteurs se penchent sur la situation souvent indigne de la population.
Les humanistes dénoncent les conditions sanitaires et l’état de délabrement physique et moral dans lequel se trouvent les prolétaires, tandis que les politiques s’appuient sur l’étude des conditions de vie des ouvriers pour dénoncer la société industrielle.
Les nouvelles conditions de production amènent une nouvelle organisation de la ville basée sur la spécialisation relativement poussée des secteurs urbains, associée à une rationalisation des voies de communication, chassant au passage les habitants traditionnels.
C’est le baron Haussmann qui perce les grandes artères parisiennes, c’est la création de quartiers d’affaires (la Bourse), de quartiers d’habitation privilégiés et le déplacement à la périphérie des industries qui s’installent dans les faubourgs, tandis que les ouvriers et les classes moyennes investissent la banlieue. C’est l’apparition des grands magasins, des grands hôtels, des grands cafés !
Face à l’anarchie de l’urbanisation, une réflexion s’engage, le plus souvent dans l’imaginaire, faute de pouvoir lui donner une forme pratique. C’est l’époque des constructions des cités utopiques (Owen en Angleterre, Fourrier, Proudhon en France). La réflexion sur les besoins et les désirs de l’homme va déboucher pour certains sur la définition d’un individu type pour lequel il va falloir trouver les conditions de logement les plus adaptées.
Deux conceptions s’affrontent au sein de cette école de l’individu type, entre la solution collective du phalanstère et la solution individuelle de la petite maison. Les quelques réalisations concrètes, telles le Familistère Godin à Guise échouent à la fois par le caractère finalement très contraignant de cette conception, et par leur trop grand éloignement avec le modèle socio-économique dominant.
Un autre mouvement plus anglo-saxon, s’intéresse non pas à l’individu mais au groupe, cherchant à recréer ce qui fait lien, à reconstituer la cité antique. Là, pas de standard, chaque bâtiment exprime la spécificité de l’individu. L’accent est mis sur la beauté des bâtiments communautaires et culturels qui créent une âme collective.
« L’urbaniste n’est pas autre chose qu’un architecte », affirme Le Corbusier
Au début du XX° siècle, la réflexion urbanistique devient affaire de spécialistes, au lieu de continuer à être l’œuvre de généralistes, historiens, économistes, politiques,… Elle perd ainsi son insertion dans une vision globale de la société et devient une technique a-politique.
Les trois courants de fond imaginés précédemment (type collectif, type individuel et communauté) vont cependant se retrouver et s’opposer tout au long du XX° siècle.
Le mouvement des C.I.A.M. (Congrès Internationaux d’Architecture Moderne) réunit des européens tel que Gropius, fondateur du Bauhaus, Le Corbusier, … et des représentants des Etats-Unis, du japon, du Brésil,… Il va déboucher sur la Charte d’Athènes, manifeste progressiste.
Il faut que la ville du XX° siècle accomplisse à son tour sa révolution industrielle, mettant en œuvre des matériaux nouveaux tels que l’acier et le béton et la production standardisée en série.
« Tous les hommes ont les mêmes organismes, les mêmes fonctions. Tous les hommes ont les mêmes besoins » Le Corbusier (Vers une architecture p.108).
La Charte d’Athènes analyse les besoins humains universels dans le cadre de quatre grandes fonctions : habiter, travailler, circuler, se cultiver le corps et l’esprit.
C’est sur cette base que va se construire le type idéal de l’établissement humain. A condition qu’il soit efficace, le même plan de ville peut être adapté partout dans le monde, niant toute spécificité au site (la technique permet de gommer les aléas naturels) et à la culture (au nom d’une rationalité et d’un esthétisme universels).
Pour répondre à ce besoin, on retrouve les deux types d’habitat individuel avec la petite maison basse (majoritairement anglo-saxonne) et l’immeuble collectif géant.
Le modèle le plus élaboré sera la « cité radieuse », unité d’habitation construite pour abriter le même nombre de famille, offrant les mêmes services collectifs et les mêmes organes que ce soit à Marseille, à Rezé ou à Berlin.
La standardisation est portée à son comble dans les logements qui deviennent chez Le Corbusier un appartement-type, à fonctions classées dans un espace minimum intransformable. Force est à l’occupant de se plier au schéma de circulation et au mode de vie que ce logement implique, et dont l’architecte a déduit qu’ils étaient les meilleurs possibles.
Ce ne sera pas le cas au Havre par exemple ou Auguste Perret prévoit, au contraire, que les cloisons intérieures pourront être adaptées aux besoins de chacun, en créant des immeubles avec un seul poteau porteur à l’intérieur de l’appartement, laissant aux occupants la liberté d’organiser les cloisons selon les besoins de la famille.
Le mouvement des cités jardins, à l’opposé, vise à reconnaitre l’individualité. La ville idéale est tout d’abord à taille humaine (maximum 30.000 habitants), et ne peut s’étendre que par la création d’un nouveau centre à une distance suffisante et qui deviendra lui–même une nouvelle ville. Chaque cité occupe l’espace de manière différenciée, tenant compte de la topographie particulière et de l’histoire. Le modèle vise à développer les relations inter-personnelles par des espaces publics confortables.
Enfin, des Etats-Unis nous vient la vision de F.L. Wright où la ville est dispersée. Le logement est individuel, les différentes fonctions sont assurées dans des petits centres spécialisés. Toutes ces cellules sont reliées entre elles par un abondant réseau de routes terrestres et aériennes. L’isolement n’a de sens que s’il peut être à tout moment rompu.
Vers un aménagement humaniste à partir de la fin du XX° siècle :
La critique des constructions issues de la Charte d’Athènes, en particulier celles liées à la reconstruction après la 2° guerre mondiale et au boom économique des 30 glorieuses, vise essentiellement l’arbitraire des principes et le dédain de la réalité concrète.
L’écossais Patrick Geddes, veut réintégrer la complexité de l’humain dans la démarche de planification urbaine. « les urbanistes sont habitués à penser en termes de règles et de compas, comme une matière qui doit être élaborée par les seuls ingénieurs et architectes, pour les conseils municipaux. Mais le vrai plan est la résultante et la fleur de toute la civilisation d’une communauté et d’une époque » Cities in evolution p.211
Aujourd’hui, le recours à l’ensemble des sciences tend à devenir la condition préalable à tout aménagement, mais la somme des renseignements collectés ne définit pas pour autant la solution idéale.
Le « zoning » strictement appliqué aboutit à des quartiers qui ne sont utilisés qu’à heures fixes. A son encontre, le principe d’hétérogénéité en milieu urbain se dégage de plus en plus. Aux fonctions de transport individuels, les transports collectifs et les déplacements doux redonnent un sens du partage plus apaisé de l’espace public.Aux grands axes de circulation se substituent des rues mélangeant bureaux, commerces, habitat, ….
De cette première partie, je conclurai que l’architecture productiviste du XX° siècle correspondait au modèle de la société industrielle. Le souci de produire de manière standardisée, de produire du beau mais en masse répondait à des préoccupations de développement rapide. Ce modèle peut peut-être être encore une réponse aux besoins de certains pays africains ou asiatiques.
En ce qui concerne l’Europe occidentale et plus largement les pays dits développés, le modèle dominant de production s’est largement tertiarisé et le traitement des données à remplacé celui des matières.
Il faut donc proposer de nouvelles solutions urbaines qui intègrent ce changement et inventer la ville de l’internet comme il y a eu la ville du Moyen Age, celle de la Renaissance, celle du capitalisme industriel, … En particulier la logique de déplacement pour se rendre sur le lieu de production n’est plus la même. Le travail posté, les horaires fixes seront de plus en plus remplacés par une grande flexibilité des horaires et des lieux de production. Par contre le besoin d’échange interpersonnel, la volonté d’implication du citoyen dans la vie de la cité vont croitre. Les réseaux physiques ou virtuels vont donc prendre une importance grandissante et les zones qui auront su anticiper ces évolutions pourront bénéficier d’un avantage certain.