Dans ma réflexion sur Marseille et son positionnement concurrentiel, il n’était pas possible d’échapper à une analyse de la qualité de vie, qui a tout pour être exceptionnelle et de sa réalité dont les gros titres des journaux se font régulièrement l’écho avec une insécurité qui va jusqu’au crime en pleine rue.
Le
choix d’une ville se fait aussi sur une réputation (« l’image
de marque »). Celle de Marseille est plutôt dégradée à ce
niveau et les « quartiers nord » n’incitent pas à
venir s’installer ici. Comment l’urbanisation peut-elle agir sur
cette situation et les pouvoirs publics ont-ils le choix d’influer
sur ces facteurs d’insécurité ?
J’ai
souhaité comparer 2 projets phare, l’un à l’ouest celui d’Euro
Nantes, dans une ville régulièrement vantée dans les classements
pour sa qualité de vie et celui d’Euro Méditerranée.
Le
projet Euronantes est emblématique d’une nouvelle façon de penser
la ville, dont les fonctions doivent se mêler plus étroitement :
dans un même quartier, il est désormais possible de se loger,
travailler, faire ses courses, se détendre… La création de
logements accompagne ainsi naturellement la construction de bureaux,
nombre de programmes étant mixtes. Une véritable attention est
portée à la mixité sociale. Dans la majorité des programmes, près
de 30 % sont des logements sociaux et 20 % des logements dits
abordables.
Au
nord et à l’est du pôle d’affaires, le projet urbain du Nouveau
Malakoff (160 hectares) modifie profondément le visage de la ville.
L’ambition : proposer une offre de logements diversifiés en
centre-ville, avec la construction de 1 000 logements dont 300
logements sociaux (72 000 m²). Le quartier accueille également 50
000 m² de nouveaux équipements (piscine de la Petite-Amazonie,
collège Sophie-Germain, gymnase, centre commercial...), qui viennent
faciliter la vie des habitants. L'année 2012 voit démarrer la
construction de Nouvelle vague, un ensemble de bureaux, commerces et
logements (5 500 m²). A suivre, l'îlot 3B accueillera un programme
de près de 10 000 m² d'habitats mixtes (libres, abordables et
sociaux) ainsi que des locaux commerciaux en rez-de-chaussée. Le
secteur sud du pôle d’affaires Euronantes se situe sur l’île de
Nantes, l’un des plus vastes chantiers de transformation urbaine en
Europe. Avec la réalisation de 3 700 nouveaux logements entre 2003
et 2010.
Le
projet Euroméditerranée relève d’une même logique de fonctions,
même si elle n’est pas totalement assumée puisqu’il m’a
semblé que les immeubles situés en front de mer sont plutôt mono
fonction soit bureaux, soit habitation.
La
grande différence se trouve dans la mixité sociale qui n’est pas
véritablement présente puisque qu’elle oscille entre 0% et 20%
maximum.
Il
est vrai qu’habiter H99, le superbe immeuble dessiné par
Jean-Baptiste Piétri ne sera pas donné à tout le monde avec des
prix s’échelonnant entre 6.000 et 11.000 euros le m2.
Baptisée
H99 en référence à sa hauteur de 99,9 mètres, ce superbe bâtiment
propose une silhouette épurée : trois cubes blancs enserrés entre
deux lames ajourées. H99 se veut un monde à part avec piscine
suspendue, gymnase intérieur et régisseur.
Dans
une interview parue dans la Marseillaise le 18 mai 2012, l’architecte
répond à la question « Pourquoi avoir décidé d’y faire
des logements plutôt luxueux ? »
« C’est
une des contraintes de ce type d’édifice. Techniquement, la
distance entre les parois et le noyau vous impose soit des
superficies toutes petites, soit, au contraire, d’être généreux.
Dans H99, le trois pièces mesure entre 75 et 95 m². Les
appartements étant grands, ils sont plus chers. Les prix
s’étalonnent entre 6 000 euros le m² pour le premier bloc et 11
000 pour le dernier. Ce n’est pas aussi cher qu’on l’imagine.
Dans le haut de gamme, on trouve des prix comparables dans les
programmes en construction près du David, sur le Prado. En France,
on associe les tours de grande hauteur à de l’habitat social mais
ce n’est pas le cas en Amérique du sud ou du nord. Habiter ici, ce
n’est pas vivre dans un monolithe répétitif, c’est vivre une
expérience urbaine. Les gens qui vont y vivre ne correspondent pas à
la typologie du bourgeois marseillais. Ce sont des gens qui ont une
certaine ouverture d’esprit, qui sont intéressés par la conquête
urbaine et la rénovation de Marseille. Ce qui se passe ici, sur les
deux ou trois kilomètres de littoral entre Arenc et le Fort Saint
Jean, est unique dans l’histoire de la ville. »
Il
y a donc une volonté forte d’attirer le haut du panier de la
classe créative mondiale tant vantée par Richard Florida.
Mais
cette approche de ghettoïsation est-elle vraiment la meilleure
méthode pour avoir une ville apaisée ?
L’avenir le dira.
Les projets d'EuroMed:
JOLIETTE
- ARENC
Surface
Construite : 300
000 m²
Bureaux
: 120
000 m²
Services
: 82
000 m² de
commerces, hôtellerie, équipements
Logements
neufs ou rénovés :
1659 dont 137 sociaux
Collège
: 600
m² élèves
et ses équipements
Ecole primaire : 2
Ecole primaire : 2
Ecole
maternelle : 1
SAINT-CHARLES
Surface
Constructible : 120
000 m²
Bureaux
: 10
000 m²
Commerces
: 4
000 m²
Logements
neufs ou rénovés : 800
Hôtellerie
: 5
000 m²
Groupe
Scolaire : 1
(13 Escaliers)
Parking
: 500 places
RUE
DE LA RÉPUBLIQUE
Surface
Construite 362 800
m2
Logements
: 5200 dont 500 sociaux
Commerces
:120
000 m²
Parking
: 3 soit 1564
places
CITÉ
DE LA MÉDITERRANÉE
Surface
constructible : 443
000 m²
Commerces
et services : 76
000 m²
Bureaux
: 149
000 m²
Equipements
publics : 47
000 m²
Logements
: 2
250 dont 20% de
logements sociaux